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Je marche, tu marches,il marche…
Le regard se pose. On voit, on regarde, on scrute.
Etonnement, sourire, admiration, compassion, incompréhension, surprise parfois colère; tels sont les sentiments qui peuvent habiter notre corps et notre coeur lorsque l’on est réceptif à la masse qui nous entoure.
La rue défile, se dévoile, grouille de centaines d’âmes.
Nous marchons, vous marchez, elles marchent…
Devant, l’inconnu qui piétine. Devant, la femme qui pense, l’homme qui calcule, l’enfant qui chante. Tous transportent leurs pensées, leur histoire, leur vie.
Inconnus que l’on ne croisera plus jamais, ou ceux que l’on a déjà vu ou que l’on reverra.
Inconnus d’un jour, d’une minute, d’un instant volé au temps.
Instant volé à la rue, éphémère mais capturé. Instant unique qui ne se reproduira plus.
La situation est exceptionelle, innatendue.
L’utilisation du fisheye permet à la fois d’isoler le personnage pris en flagrant délit de vie tout en le sublimant au sein de son environnement. Il devient le centre d’un spectacle urbain voire rural.Toute sa silhouette se détache sur un fond de décor qui est à la fois contrainte et support.
Ainsi, le grand angle offre une vision panoramique qui insiste d’abord sur le personnage de premier plan, avant d’ouvrir un second plan qui tend à offrir un maximum d’indices sur l’ambiance de la prise de vue.
Enfin, le fisheye capte une vision fidèle de la réalité, entière, qui ne ment pas, qui ne cache rien. On ne se limite pas à un angle de vue restreint mais au contraire on s’étend à une vision plus large de 180 degrés, comme si notre oeil prenait directement et simplement la photo.
Le cadrage circulaire permet d’évoquer directement l’oeil-de-boeuf.Ce trou par lequel on épie, on observe, et qui place en tant que « spectateur de l’autre », celui devant la porte.
Ici, nous sommes dans la rue, en plein air, dans des lieux publics et le photographe vole à la vie défilant des fragments de passage en jouant le rôle du voleur d’images, voire même un peu du chasseur « d’essence d’identité ».
Chaque instant est unique, chaque être est unique et les caractères visibles de l’être sont comme emprisonnés dans l’image.
C’est pourquoi, cette série prise avec un objectif fisheye tend à proposer une large palette de personnages marquants, tant au niveau de la démarche, de la silhouette que de la tenue vestimentaire.
Chaque portrait de dos s’élabore autour d’un univers, d’un instant qui arrive au hasard, au détour d’une rue, de façon imprévisible, qu’il faut vite capturer, poursuivre sans s’arrêter.
Ainsi chaque silhouette, personnage anonyme, chaque acteur de la rue transporte son lot de couleurs, de formes, afin de recréer des portraits que chacun peut s’approprier, s’imaginer, transformer au gré de ses envies, de ses souvenirs et de ses émotions.
Chaque photo offre une fenêtre circulaire sur la vie, arrête un mouvement, et suspend le temps.
La série se positionne comme une collection de petits échantillons de vie, à travers nous, les hommes qui avançons sur le chemin de notre existence, de notre rêve, de notre monde, le long du parcours que l’on suit comme on peut, chacun à notre façon.
Mademoiselle Maurice