Dans le cadre de l’exposition « AMOUR » à la galerie Mathgoth, à Paris, en 2020.

Exposition qui n’a hélas pas vu le jour dans des conditions propices, étant donné la crise du Covid.

(Série: « L’amour en cage »: représentations d’espèces d’insectes et d’oiseaux en voie de disparition: Oiseaux de métal apposés sur les façades isolés, peints et fixés sur planche en bois, fond texturé, avec poussière de plastique récupérée)

 

« Mademoiselle Maurice revient pour la troisième fois chez Mathgoth pour un solo show (très) personnel intitulé « Amour » à partir du 20 mars 2020.  Ce sentiment universel s’y décline en une quarantaine d’œuvres qui témoignent de la capacité de l’artiste à transcender ses thématiques et à se dépasser pour étonner et donner le meilleur d’elle-même. Par le biais d’un voyage introspectif jusqu’aux tréfonds de son âme, l’origamiste inspirée nous parle dans un même élan de crise existentielle et de méditation, jouant constamment sur les extrêmes avec le brio qu’on lui connait.

Si la création se révèle souvent curative, pour Mademoiselle Maurice elle est une nécessité vitale. L’année 2019 fut pour elle une période particulièrement éprouvante. Minée par deux maladies, elle écope de la perte de deux amis proches et d’une rupture amoureuse ; s’ensuit la redécouverte perturbante du célibat à 35 ans, après une vie de couple pendant plus de dix ans. C’est aussi cette année-là qu’elle effectue un voyage en Inde qui la bouleverse. Elle séjourne et travaille alors dans le village du Dalaï Lama peuplé de réfugiés tibétains où la connexion avec la nature, le lien de l’humain avec les quatre éléments et l’harmonie colorée chers à son cœur se manifestent notamment au travers des thangkas traditionnels. En plein burn-out assorti d’une phase de questionnement quant à sa place en tant qu’artiste dans un système de plus en plus anxiogène, elle se lance quelques mois après ce voyage dans une retraite méditative de dix jours sans parler (dans la culture bouddhique, on l’appelle Vi passanā). Cette introspection mentale va littéralement la pousser à vaincre ses démons intérieurs, au point de réaliser que son ultime idéal, et par là même celui de l’humanité, c’est l’Amour. Un amour universel – comme son art – qui se veut le reflet de ses propres valeurs à partager : bienveillance, empathie, honnêteté, respect de notre planète se doivent d’être des mots d’ordre en contrepoint de tout ce qui les entrave et qui se répercute dans les médias véhiculant haine, égoïsme, peur et repli sur soi. A la selfiemania, elle oppose l’amour de soi comme une vertu – s’accepter tel qu’on est, sans jugement, amène à s’ouvrir pleinement à l’amour des autres. C’est pourquoi dans cette explosition d’Amour, on ne verra pas les gros mots qu’elle se plait bien souvent à ornementer de ses papiers colorés pour illustrer ses coups de gueule. Articulant sa réflexion autour de trois séries, Mademoiselle Maurice nous invite à voyager ici et maintenant dans son cosmos intime, avec toujours en trame de fond le principe du Yin/Yang à l’équilibre de tout.

Dans la première série son côté sombre, le deuil et le chaos se dessillent au travers d’ouvrages aux fonds noirs travaillés à l’argile – matière fondamentale d’où naît la vie sur Terre – où vibre la lumière : ce sont l’arc-en-ciel et les éclairs de blanc qui en surgissent. Il s’agit d’un ensemble aux accents presque babéliens ; le mot Amour y apparaît dans plusieurs langues autour duquel s’agencent diverses pièces de papier récupérées. La seconde nous parle de faune et de flore sous forme de dessins au crayon qu’elle signe de ses origamis de papiers peints. Autant de papillons de collection dans un cabinet de curiosités, en hymne à ce que nous offre la nature. Cette nature se retrouve dans la troisième série, cette fois sur des supports en bois agrémentés de petits morceaux de plastiques assemblés issus de déchets récupérés dans la rue ou sur la plage. Des oiseaux de métal peints s’en détachent, accusant en filigrane la pollution qui les tue – ce sont, en quelque sorte, des symboles de l’amour en cage. Le 20 mars 2020, jour du vernissage, est aussi le premier jour du Printemps et cette date tourne pour Mademoiselle Maurice une page pour ainsi dire post-purgative. Elle nous ramène à l’essentiel et rappelle, à l’instar du célèbre tube des Beatles « all we need is love » qu’on a juste besoin d’amour. Tout simplement. »